Ember Győző: Louis Kossuth à la tête du Comité de la Défense Nationale - Studia historica Academiae Scientiarum Hungaricae 6. (Budapest, 1953)

I. La formation du Comité de la Défense NationaleIndex

LOUIS KOSSUTH À LA TÊTE DU COMITÉ DE LA DÉFENSE NATIONALE 3 elle avait pour centre de gravité la question de l’indépendance nationale. Dans ce domaine la noblesse libérale qui avait tout intérêt à hâter la liquidation des liens coloniaux, ne refusait pas de collaborer avec les radicaux ; «elle fut poussée vers une solution démocratique de la question nationale».6 Au sujet de la lutte contre l’oppression coloniale, on vit naître, malgré les dissensions continuelles, un front d’unité nationale. Mais précisément ce front, bien qu’il assurât certains succès à la révolution, entravait le déploiement de la lutte des classes dans le pays, affaiblissait et, dans certains cas, paralysait le fonc­tionnement du moteur de la révolution ; en dernière analyse, ce fut ce front qui amena l’échec. En septembre 1848 le moteur de la révolution se mit à fonctionner avec un élan redoublé ; l’antagonisme des deux tendances s’aiguisa, l’équilibre des forces s’ébranla et l’aile gauche, s’emparant du gouvernail, poussa la révolution vers la gauche. Au cours des événements de ce mois, qui se succédaient avec une rapidité vertigineuse, Kossuth se rallia à l’aile gauche, avec l’aide de celle-ci il prit le pouvoir en main et créa un important organe du gouvernement révo­lutionnaire : le Comité de la Défense Nationale. Pendant la période antérieure de la révolution qui, depuis la constitution du cabinet Batthyány, avait duré jusqu’à l’attaque ouverte de la contre-révo­lution, c’est-à-dire du début de mai au début de septembre, le pouvoir avait été entre les mains de certains gens prêts au compromis. Seul Kossuth, qui, d’ailleurs, ne pouvait compter que sur Bartholomée Szemere, représentait, au sein du gouvernement, la fidélité aux lois d’avril. Néanmoins, c’était bien lui qui exerçait une influence décisive sur l’attitude du gouvernement. C’était en lui que l’aile gauche voyait, déjà à ce moment-là, son représentant et son chef ; elle cherchait donc à le soutenir par tous les moyens. Et de fait, grâce à l’appui de l’aile gauche, Kossuth réussit à retenir le cabinet Batthyány d’un déplace­ment fatal vers la droite. Il s’établit donc, sous l’effet de l’action de Kossuth, un singulier équilibre entre les deux tendances opposées de la révolution, équi­libre qui, au début de septembre, fut anéanti par l’attaque ouverte de la contre­­révolution. La présente étude, n’ayant pour but d’offrir un récit détaillé des événe­ments de septembre, n’attirera l’attention que sur ceux qui sont étroitement liés à l’action de Kossuth pour créer le Comité de la Défense Nationale. Pendant que, dans les derniers jours du mois d’août, Louis Batthyány et François Deák faisaient à Vienne, au nom du gouvernement hongrois, des efforts désespérés pour être reçus par le souverain et pour obtenir de lui la sanction des lois militaires et financières votées par le parlement au mois de juillet — il convient d’ajouter que même le gouvernement de l’empire autri­chienne refusait d’entamer avec eux des pourparlers sur les problèmes communs 6 Op. cit p. 99. 1*

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