Lederer Emma: La structure de la société hongroise du début du moyen-âge - Studia historica Academiae Scientiarum Hungaricae 45. (Budapest, 1960)

L’étude de la structure de la société hongroise du début du moyen-âge est pour l’historien une tâche des plus ardues. Les sources écrites extrêmement rares n’offrent guère de point de repère permettant d’expliquer les catégories sociales et, le plus souvent, elles prêtent à équivoque. Afin d’approcher de plus près ce problème compliqué, il faut tout d’abord connaître les points de départ de cette société; connaître aussi la manière dont les classes se sont for­mées; savoir ce qui a survécu dans les diverses classes sociales, comme reliquat d’une ancienne évolution sociale déjà révolue. En Hongrie, comme dans tous les autres pays européens, le caractère principal de cette société du début du moyen-âge était féodal. Il est donc d’une importance primordiale de suivre de près la formation du régime féodal dans les conditions particulières à ce pays. Par féodalisme, nous entendons naturellement, et d’après la définition marxiste, le système social qui, dans l’évolution générale, a succédé à une société fondée sur l’esclavage mais qui, dans les conditions propres à l’Europe centrale et orientale, s’est instauré sans qu’un esclavage général ait pu se développer. Il a donc fallu soumettre à l’examen le processus qui avait abouti à la formation du régime féodal. Il nous a fallu suivre pas à pas l’évolution, à partir du moment où l’on a considéré la terre comme une propriété privée jusqu’à la conversion de celle-ci en propriété foncière féodale et puis jusqu’au moment où tout le pays est devenu la propriété des seigneurs terriens féodaux (roi, Eglise, pro­priétaires laïcs). Le monopole de la propriété féodale s’est alors réalisé — et le féodalisme également. Sans prendre comme point de départ le monopole de la propriété féodale, nous ne pouvons comprendre l’évolution de la structure des classes et couches sociales et aussi toute la structure de la société. En général les études historiques bourgeoises, de même que la science hongroise de l’histoire n’entendaient pas par féodalisme les rapports de pro­priété, rapports économiques et sociaux intérieurs, mais le rapport personnel créé par le régime féodal et qui liait, dans la classe dominante, les différentes

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