Molnár Erik: L'influence de la philosophie de l'histoire de Hegel sur l'historiographie marxiste - Studia historica Academiae Scientiarum Hungaricae 47. (Budapest, 1960)

L’importance de laphilosophie de l’histoire de Hegel reside dans le fait quelle élabora toute une série de principes théoriques de l’histoire en tant que Science, principes que le marxisme fut le premier ä adopter et qu’il considere aujourd’hui encore comme le solide fondement de la science historique. Bien entendu, il ne s’agit pas de la part du marxisme d’un simple emprunt des theses de Hegel. On sait que son Systeme philosophique recherchait l’essence métaphy­­sique de l’univers et croyait l’avoir trouvée dans les categories de logique, autre­­ment dit, dans le développement de l’idée absolue. Sa méthode dialectique, grace ä laquelle eile ménageait les transitions entre les differentes categories de la logique, était fondée sur la negation de la logique aristotélienne, done sur la réfutation des principes fondamentaux de la logique admise jusque-lá. Pour lui, revolution aboutit ä lamonarchieprussienne,semi-féodaleetbureau­­cratique de l’époque, qui, avec quelques corrections, aurait pu devenir, d’apres Hegel, le terme final de toute évolution. Mais cette dialectique, en fin de compte conservatrice, de l’idée absolue, n’était qu’un voile mystique dissi­mulant toute une série de découvertes scientifiques de grande importance faites par Hegel. Le marxisme dégagea le noyau rationnel de son enveloppe mystique, le remania dans un esprit scientifique et matérialiste et l’intégra dans sa propre conception de l’histoire. C’est en ce sens qu’on peut dire que la science marxiste de l’histoire a emprunté les résultats positifs de la philosophie hégélienne de l’histoire. D’apres Hegel, ce ne sont pas les phénomenes sociaux qu’il convient de déduire de la nature et des actes des individus; ce sont au contraire les actes individuels qui doivent étre ramenés á l’idée absolue, incarnée dans l’État, respectivement ä l’esprit de l’époque, á l’esprit du peuple, manifes­tations de l’idée absolue. Si nous faisons abstraction de l’idée absolue, et que nous considérons l’Etat comme le Symbole de la société, nous arrivons a la these suivant laquelle ce ne sont pas les individus qui déterminent la société,

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