Ember Győző: Louis Kossuth à la tête du Comité de la Défense Nationale - Studia historica Academiae Scientiarum Hungaricae 6. (Budapest, 1953)

I. La formation du Comité de la Défense NationaleIndex

LOUIS KOSSUTH À LA TÊTE DU COMITÉ DE LA DÉFENSE NATIONALE I. LA FORMATION DU COMITÉ DE LA DÉFENSE NATIONALE Pendant une des périodes de la révolution bourgeoise de Hongrie, dé­clenchée en mars 1848, notamment pendant la période qui du mois de septembre 1848 (début des opérations militaires de la guerre d’indépendance) allait jus­qu’au mois d’avril 1849 (proclamation de l’indépendance du pays et de la déché­ance des Habsbourg), l’activité de Louis Kossuth, chef de la révolution et de la guerre d’indépendance, était indissolublement liée au Comité de la Défense Nationale, créé par lui pour devenir, sous sa direction, un organe gouverne­mental de caractère révolutionnaire. Le mois de septembre 1848 où prit naissance le Comité de la Défense Nationale, mérite d’être considéré — de même que le mois de mars précédent — comme un des «grands mois» de la révolution hongroise ; il n’est pas douteux qu’il marque un tournant décisif dans l’histoire du mouvement révolutionnaire.1 Ce mois fut incontestablement un tournant, puisque — comme J. Révai a démontré à propos d’une analyse féconde des constatations de Marx et Engels sur la révolution hongroise de 1848 — il existe une différence essentielle entre la révolution de Hongrie et celles des autres pays européens. Tandis qu’en France, en Allemagne et en Autriche le centre de gravité du mouvement se déplaçait vers la droite, car la bourgeoisie «reculait sans cesse, se repentant de plus en plus profondément des crimes commis au mois de mars»,2 le mouve­ment hongrois se dirigea dans le sens opposé : dès le mois de septembre 1848 il se tourna nettement vers la gauche. «Une révolution bourgeoise, écrit J. Révai, implique toujours deux tendances : d’une part, on tend à rompre définitivement avec la féodalité, d’autre part, on essaie d’aboutir à une sorte de compromis avec elle. Une révo­lution bourgeoise c’est précisément la lutte de ces deux tendances opposées.»3 Cet antagonisme existait aussi dans la révolution hongroise de 1848 pour y jouer le rôle d’un moteur, mais il convient d’ajouter que «le fonctionnement 1 J. Révai, Marx és a magyar forradalom (Marx et la révolution hongroise). Marxizmus, népiesség, magyarság (Marxisme, populisme, peuple hongrois).Budapest, 1948, p. 79. 2 Ibid. 3 Op. cit. p. 102. J Studia Historica VI.

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