Ember Győző: Louis Kossuth à la tête du Comité de la Défense Nationale - Studia historica Academiae Scientiarum Hungaricae 6. (Budapest, 1953)

I. La formation du Comité de la Défense NationaleIndex

2 GYŐZŐ EMBER de ce moteur laissait à désirer».4 Ce fait doit être ramené à deux motifs princi­paux : le premier résultait de l’état relativement peu avancé des conditions de classe, le second — de la situation coloniale de la Hongrie. Entre ces deux motifs il existait d’ailleurs une étroite relation, puisque l’état peu avancé des conditions de classe n’était, à proprement parler, qu’une conséquence de la situation coloniale du pays. La révolution bourgeoise de 1848 avait à résoudre deux problèmes essen­tiels : d’un côté, il s’agissait d’assurer par la force des armes l’indépendance de la nation, de l’autre, il fallait effectuer l’affranchissement des serfs. Par suite de l’état peu évolué des conditions de classe, la bourgeoisie s’avérait trop faible pour devenir la classe dirigeante de la révolution bourgeoise ; ce rôle fut donc rempli par la noblesse libérale et, avant tout, par la noblesse moyenne. La bourgeoisie «participait à la révolution comme une associée de la noblesse».5 Quant à la noblesse libérale, elle ne représentait pas les principes d’une liquidation définitive de la féodalité, mais plutôt ceux d’un compromis : cette thèse valait pour les deux grands problèmes que la révolution avait mis sur le tapis, c’est-à-dire aussi bien pour la cause de l’indépendance nationale que pour l’affranchissement des serfs. Au sujet du second problème même la noblesse libérale s’en tenait à une attitude particulièrement raide. La tendance radicale, c’est-à-dire l’aile gauche de la révolution était représentée par une mince couche intellectuelle. Cette couche se composait, d’une part, de certains membres de la petite noblesse et de la noblesse moyenne, qui s’étaient déjà détachés de leurs propriétés terriennes, d’autre part, de per­sonnes d’origine roturière. Cette couche, si mince fût-elle, avait un poids d’autant plus considérable qu’elle se concentrait à Bude et à Pest où elle trouvait un solide appui dans les masses prolétariennes de la capitale. En même temps, la force de la tendance radicale fut multipliée par la vague révolutionnaire qui, en 1848, traversant tout le continent, rattacha aussi la Hongrie au front international des révolutions. Néanmoins, même cette aile plébéenne de la révolution de Hongrie ne professait des vues radicales absolument conséquentes qu’au sujet de l’indé­pendance nationale. En ce qui concerne l’autre problème essentiel de la révo­lution, à savoir l’affranchissement des serfs, l’aile en question, à l’exception d’un groupe relativement peu nombreux, ne désirait pas aller au-delà des lois d’avril ; sans préconiser l’idée d’une révolution agraire, elle se contentait d’une liquidation imposée d’en haut de la féodalité ce qui, bien entendu, ne pouvait guère satisfaire les masses paysannes. Dans ces conditions la lutte des deux principales tendances de la révo­lution ne s’est pas concentrée à l’affranchissement des serfs ; bien au contraire, 4 Op. cit p. 103. 6 Op. cit. p. 87.

Next